Par Sayed 7asan (http://www.sayed7asan.blogspot.fr)
1. Une victoire stratégique pour la Russie
Sayed 7asan
A venir :
2. Relations internationales : Poutine impose de nouvelles règles du jeu
3. Les « médias » occidentaux aux ordres ?
4. Les arènes émergentes du refus du Nouvel Ordre Mondial
« Les Russes mettent du temps à monter en selle, mais ensuite, ils chevauchent très vite. »
« Lorsque la Russie est menacée, elle ne s’énerve pas, elle se concentre. »
Proverbes russes
Cette série
d'articles est consacrée aux enjeux géopolitiques des événements de Crimée,
et notamment au recul de l’impérialisme américain face à de nouvelles
puissances régionales et mondiales, résurgentes ou émergentes, qui
résistent au modèle politique, économique et culturel occidental de plus
en plus ouvertement, et avec de plus en plus de succès.
Le
traitement de ces événements en Occident est un révélateur de la crise
de confiance entre les populations du monde occidental et leurs
gouvernements & médias respectifs, qui sont aujourd’hui moins
fiables que la presse soviétique elle-même dans ses jours les plus
sombres, mais dont l’hégémonie est aujourd'hui disputée par Internet.
1. Une victoire stratégique pour la Russie
Les événements dramatiques qui se sont déroulés en Ukraine durant ces dernières semaines, façonnés de toutes pièces et orchestrés par les services du Département d’Etat américain – qui, comme l’a candidement admis Victoria Nuland,
Secrétaire d’Etat adjointe aux affaires européennes et eurasiennes, ont
dépensé 5 milliards de dollars pour « démocratiser » (c’est-à-dire
« déstabiliser ») l’Ukraine – et relayés par leurs laquais de l’Union
européenne, ont finalement débouché, contre toute attente, sur une victoire spectaculaire de la diplomatie russe,
la Crimée ayant réintégré la Fédération de Russie, qu’elle n’aurait du
reste jamais dû quitter pour les raisons historiques, géographiques,
ethniques, culturelles et même légales (tant sur le plan du droit
soviétique que du droit international) qu’a rappelées Poutine dans son discours mémorable du 18 mars 2014.
On peut parler, avec Israël Shamir, de triomphe personnel pour Poutine,
qui, par un coup de maître éminemment dramatique au regard de la
tournure initiale des événements, et de l’apparente inertie de la Russie
– qui contrastait très fortement avec l’hystérie occidentale –, a
transformé ce qui semblait être un véritable désastre en une victoire
totale, qui n’est pas sans évoquer le Deus ex machina du
théâtre classique. Ce retournement de situation exceptionnel, peut-être
sans précédent dans l’histoire au regard de ses tenants et aboutissants,
est illustré de manière éloquente dans ce trait d’humour juif récent
rapporté par le même Israël Shamir :
Le président israélien Shimon Peres demande au président russe:
- Vladimir, êtes-vous d’origine juive?
- Poutine : Qu’est-ce qui vous fait croire ça, Shimon?
- Peres:
Vous avez fait débourser cinq milliards de dollars aux États-Unis pour
qu’ils livrent la Crimée à la Russie. Même pour un Juif, c’est audacieux
!
Les retombées géopolitiques, diplomatiques,
militaires (les expériences en Tchétchénie et en Ossétie du Sud avaient
déjà démontré sans le moindre doute possible que les forces armées
russes comptent aujourd’hui parmi les plus formidables de la planète) et
même économiques
de ces événements sont en effet considérables : nous assistons en
direct à un nouveau coup de tocsin, sonnant vraisemblablement le glas
d’un monde unipolaire – sinon des Etats-Unis en tant que superpuissance,
statut obtenu en 1945. Sur les plans militaire, politique, diplomatique
et/ou médiatique, il est aisé de reconstituer le parcours des victoires
de l’Empire dans ses diverses conquêtes (Iran 1953, Guatemala 1954,
Chili 1972, Salvador 1980, Nicaragua 1981, Afghanistan 1989, Irak 1991,
Bosnie-Herzégovine 1995, Serbie 1999, Libye 2011…) et de ses défaites
(Cuba 1961, Vietnam 1972, Iran 1988, Liban 1983, 2000 & 2006, Irak
2011, Afghanistan 2013…), avec toutes les combinaisons que cela
implique, une victoire sur un plan ayant pu être une défaite sur
l’autre – ainsi l’opération USAl-Qaïda en Tchétchénie
a-t-elle été une victoire éclatante sur le plan de l’opinion publique
internationale, aliénant durablement les populations occidentales et
musulmanes à la Russie, malgré un échec cuisant sur le terrain. Les
événements en Syrie et en Ukraine, nouveaux Stalingrad, semblent porter
un coup d’arrêt décisif à l’interventionnisme américain, notamment grâce
au rôle de la Russie que Vladimir Poutine a miraculeusement fait
renaître de ses cendres (voir 1993-2013 : Les vingt ans de « Pas de deux » entre la Russie et les Etats-Unis arrivent-ils à leur fin ?).

Mais
pour les peuples victimes, il est souvent difficile de distinguer la
couleur, les cortèges de mort et de destructions assombrissant toujours
l’issue des impitoyables agressions américaines. C’est pourquoi nous ne
pouvons que nous féliciter de ce dénouement juste et heureux et de cette
défaite de la plus grande et la plus agressive puissance impériale de
l’Histoire. Le Saqr – blogueur & correspondant de l’Asia Times ;
d’origine russe, spécialiste de l’Europe de l’Est, cet ancien analyste
militaire était impliqué dans des opérations anti-soviétiques durant la
guerre froide – affirme qu’« Aujourd’hui, tous les hommes libres de la planète célèbrent une victoire »,
et compare cette issue euphorisante au dénouement formidable de la
guerre Usraélienne de l’été 2006 contre le Liban, après laquelle Sayed
Hasan Nasrallah, Secrétaire Général du Hezbollah, déclarait – le 22
septembre, au lendemain du fameux discours de Chavez à l’ONU :
Nous
considérons que nous avons remporté une grande victoire, que le Liban a
remporté une grande victoire, que la Palestine a remporté une grande
victoire, que la nation arabe a remporté une grande victoire, et que
tous les opprimés, toutes les personnes lésées dans ce monde ont
également remporté une grande victoire. Notre victoire n’est pas la
victoire d’un parti. Je répète ce que j’ai dit à Bint Jbeil, le 25 mai
2000: ce n’est pas la victoire d’un parti ou d’une communauté, c’est
plutôt une victoire pour le Liban authentique, le peuple libanais
authentique, et toute personne authentiquement libre dans le monde. Il
ne faut pas fausser cette grande victoire historique. Elle ne se limite
pas à un parti, un clan, une secte, une communauté ou une région
particulières. Cette victoire est trop grande pour que nous puissions en
saisir toute l’ampleur. Les prochaines semaines, les mois et les années
à venir nous en montreront la portée réelle.

De
même, cette victoire russe est une victoire éclatante pour tous les
hommes libres de la planète, et dont les conséquences sont
incalculables. Aujourd’hui, nous sommes tous Russes, de même que nous
étions tous Libanais en 2000 & 2006.
Sayed 7asan
A venir :
2. Relations internationales : Poutine impose de nouvelles règles du jeu
3. Les « médias » occidentaux aux ordres ?
4. Les arènes émergentes du refus du Nouvel Ordre Mondial

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