Extrait
du discours du 16 février 2014, à l’occasion de la commémoration annuelle des
dirigeants martyrs du Hezbollah
Profitant de l’état déplorable dans lequel se trouve le monde arabo-musulman depuis le soi-disant « printemps arabe », notamment de la situation de chaos en Egypte et surtout en Syrie, l’Occident, appuyé par les pays arabes, est en effet résolu à en finir une fois pour toutes avec la cause palestinienne. Pour Sayed Hasan Nasrallah, il est impérieux, pour tenir ce projet en échec, que les pays arabes cessent leur guerre contre la Syrie et retirent leurs mercenaires – auquel cas le Hezbollah se retirerait également – et que les différentes factions palestiniennes s’unissent.
Sur les négociations de paix israélo-palestiniennes, voir aussi les analyses de Norman Finkelstein
: http://www.legrandsoir.info/la-fin-de-la-palestine.html et
http://www.legrandsoir.info/les-pourparlers-israelo-palestiniens-une-mise-a-jour.html
Sélection
& fichiers sous-titres : TheKeysToEternity
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« Il
est nécessaire de mettre en lumière la (grave) menace israélienne qui plane sur
la Palestine : sur la Palestine en tant que terre, existence, histoire,
entité, avenir, sur les lieux saints musulmans et chrétiens, sur le peuple Palestinien
vivant en Palestine, sur le peuple Palestinien réfugié de la diaspora, Ce sont
là des principes fondamentaux que les gens évoquaient depuis des décennies,
mais qui ont aujourd’hui disparu.
(Malheureusement),
aujourd’hui, les peuples de chaque pays (arabe) se préoccupent (exclusivement)
de leur propre pays. Et plus encore, certains de ces pays sont maintenant le
théâtre d’affrontements sanglants et de luttes armées très violentes.
Aujourd’hui,
nous avons malheureusement atteint un stade critique déplorable où plus
personne ne veut parler de la Palestine. Et plus personne ne veut parler de l’ennemi,
à savoir Israël.
Je m’attends
évidemment à ce que certaines personnes s’exclament à mon propos : ‘‘O Sayed
[Nasrallah] ! De quoi parles-tu donc ? Ne vois-tu pas tout ce qui se passe dans
le monde ?’’ De telles protestations sont un indice éloquent du stade auquel
nous sommes parvenus. C’est très précisément le stade auquel l’Amérique et
Israël voulaient mener les peuples, les gouvernements et les Etats de la région
après toutes les victoires et tous les accomplissements réalisés par l’Axe de
la Résistance – la Palestine, le Liban, la Syrie, l’Iran.
Ce
qu’ils veulent, c’est que nous fassions marche arrière, que nous oubliions. Ce
qu’ils veulent, c’est que la Palestine et le combat contre l’ennemi (sioniste)
soient retirés non seulement de la sphère des priorités, les Américains et les
Israéliens ne veulent pas seulement que la Palestine et le combat contre l’ennemi
prennent une place secondaire vis-à-vis d’autres priorités, qu’ils cessent d’être une priorité, mais qu’ils soient complètement
exclus du domaine de nos préoccupations – que nous ne nous sentions plus du
tout concernés.
Bien
plutôt, (ils veulent) que cette cause sorte de nos esprits, de nos cœurs, de
nos sentiments. (Ils veulent) que nous en arrivions à un point où lorsque
quelqu’un évoque la Palestine – ce soir, je vais m’exprimer de manière très
explicite –, que si quelqu’un évoque la Palestine, les gens lui rétorquent : ‘‘Laissez-nous
en paix, toi et ta Palestine.’’ C’est à ce stade qu’ils veulent mener les
peuples arabes et musulmans – le Liban, l’Egypte, l’Irak, la Jordanie et tous
les pays.
Ils
veulent que nous en arrivions à un stade où même au niveau du cœur et des
émotions, c’en soit fini, que la Palestine soit pour nous comme si elle était
sur une autre planète, non pas (seulement) sur un autre continent, mais (vraiment)
dans un autre monde. Et cela même au niveau des émotions et des sentiments.
Bien
entendu – entre parenthèses –, cela fait porter encore plus de responsabilités
sur les Palestiniens – j’aurais peut-être l’occasion d’en parler (plus avant)
au fil de mon propos.
Nous
devons reconnaître qu’en la matière, ils sont parvenus à réaliser leurs
objectifs dans une très large mesure. Mais il est encore temps de prendre
conscience (du danger). Il est encore temps d’agir, nous avons encore des
opportunités d’actions et de choix qui nous permettraient de prendre conscience
de la gravité de la situation (et d’y faire face).
Qu’est-ce
qui pourrait donc nous expliquer clairement cet engagement américain exceptionnel
et les pressions formidables qui sont exercées par le Secrétaire d’Etat
américain John Kerry afin de parvenir maintenant, d’ici quelques mois, à une
résolution définitive de la question palestinienne ? Pourquoi maintenant ? Est-ce
là une question pertinente, qui mérite d’être posée, oui ou non ?
Oui,
certains responsables israéliens se sont élevés et ont attaqué John Kerry,
etc., mais ce sont des absurdités, nous y sommes habitués maintenant, (c’est
une mascarade) visant à le faire apparaître comme un médiateur neutre, qui est
attaqué par tous les côtés. Certainement pas.
Actuellement,
l’administration américaine, aux côtés de l’administration sioniste, déploie
des efforts considérables pour liquider (définitivement) la cause
palestinienne. L’heure est venue. Pourquoi les circonstances actuelles
sont-elles propices ?
Tout
simplement parce que le monde arabe a complètement disparu.
Auparavant,
le monde arabe avait du moins une certaine présence, plus ou moins. Certains se
manifestaient et avançaient l’Initiative de paix, l’Initiative de paix arabe,
évoquant des conditions, des principes, des limites. Mais à présent il n’y a
plus de monde arabe. Aujourd’hui, il n’y a plus de monde musulman.
Maintenant,
chaque pays ne se préoccupe que de lui-même.
Personne
n’a de temps à consacrer à la Palestine, pas même un seul instant. Personne n’a
le temps de faire pression sur les Américains dans l’intérêt des Palestiniens,
ou de faire pression sur les Israéliens. Au contraire, la situation actuelle
des pays arabes fait peser la pression sur les Palestiniens eux-mêmes. Car
chacun veut maintenant régler ses propres problèmes internes aux dépens de la
cause palestinienne, et ils offrent des concessions aux Américains vis-à-vis de
la cause palestinienne, afin de préserver leur régime (en place), de rester au
pouvoir ou même de parvenir au pouvoir dans tel ou tel pays.
Malheureusement,
même les peuples sont dans un autre monde.
Malheureusement,
les Palestiniens eux-mêmes sont dans une situation très difficile : leurs
divisions, leurs conditions, le gouvernement de Ramallah, le gouvernement de
Gaza… Les Palestiniens sont soumis à divers types de pressions internationales et
arabes, (en plus) de pressions matérielles sur le terrain – assassinats,
emprisonnements, état de siège…
Eh
bien, telle est la situation, tels sont les défis.
Israël
considère ces circonstances comme une opportunité.
Ce
soir, je ne prononce pas une oraison funèbre [sur la cause palestinienne]. Je
dis (seulement) : c’est là une vérité (indéniable).
Israël
et les Américains se disent mutuellement : c’est là l’occasion (rêvée) de
liquider la cause palestinienne. Ils veulent profiter de cette opportunité et
imposer leurs conditions aux Palestiniens, afin de parvenir à une résolution
(du conflit) qui satisfasse (pleinement) les intérêts américains et israéliens.
Je
ne suis pas en train de prononcer une oraison funèbre, car il est encore temps
de faire échec à ce projet – je reviendrai là-dessus à la fin de mon propos.
[…]
Le
dernier point sur lequel je veux conclure – j’avais dit que j’y reviendrais
lorsque j’ai parlé de la Palestine, d’Israël, etc. –, bien que nous ayons des
vues différentes sur cette question, je tiens cependant à dire aux Libanais,
aux Palestiniens – à nos frères en Palestine sur qui pèsent naturellement de
très lourdes responsabilités jusqu’à présent, dans les camps de réfugiés... –
je m’adresse à nos frères au sein des (différentes) factions palestiniennes,
aux savants, aux comités populaires (et je leur dis) : il ne faut pas se
contenter de publier des communiqués condamnant (les pourparlers de paix
actuels). Vous devez réunir vos forces : vous devez parler les uns avec les
autres, analyser attentivement la situation car il y a des personnes qui
cherchent à exploiter les Palestiniens afin de parvenir au résultat que j’ai
évoqué précédemment – et je ne vais donc pas me répéter.
Je m’adresse
aux Libanais, aux Palestiniens, aux Syriens, je m’adresse à tous les peuples
arabes, à tous les partis et à toutes les forces arabes, à tous les hommes d’honneur
du monde et de cette région, à tous ceux qui se soucient véritablement de la
Palestine, du Liban et de la Syrie (et je leur dis) : si vous voulez qu’Israël
perde ces opportunités – celles que nous avons évoquées précédemment – et si
vous voulez préserver cette région d’un conflit (fratricide) qui durerait des
dizaines d’années, (alors) mettez fin à cette guerre contre la Syrie.
Mettez
fin à la guerre contre la Syrie.
Faites
sortir les combattants (djihadistes) de la Syrie. Permettez aux Syriens de se
réconcilier entre eux, comme ils le font actuellement dans plus d’une région.
Bien
entendu, nous mettrions également fin à notre présence en Syrie ce jour-là.
Cependant,
si nous voulons faire face à la situation comme il se doit, si nous voulons
contenir toutes ces opportunités (pour l’ennemi) et ces menaces (qui pèsent sur
nous), nous devons – tous autant que nous sommes – nous devons mettre fin à la
guerre contre la Syrie et à l’intérieur de la Syrie, afin de protéger la
Palestine, le Liban, la Syrie et la Nation (musulmane).
Nous
espérons que (le monde arabo-musulman) saisira cette chance.
A l’occasion de la
commémoration des dirigeants martyrs (du Hezbollah) – j’ai été un peu long,
mais c’est pour compenser ma longue absence –, nous
promettons à ces grands et nobles martyrs que nous conserverons leur esprit,
leur pensée, leur organisation, leur sincérité, leur fidélité, leur sang, leurs
sacrifices, leur patience, leurs souffrances et leurs espoirs, comme tous les
martyrs, et que nous suivrons leurs traces jusqu’au bout, afin que ce pays, ce
peuple, cette nation (islamique) soient toujours – si Dieu le veut –
dans une position forte, digne et capable.
Que
Dieu fasse miséricorde à nos martyrs et aux vôtres, tous autant qu’ils sont.
Que
la paix de Dieu soit sur vous, ainsi que sa miséricorde et sa grâce. »
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