Source : Ambassade
de la Fédération de Russie au Royaume-Uni, le 12 avril 2018
Traduction : http://sayed7asan.blogspot.fr
Déclaration du Bureau du Procureur Général de la Fédération de
Russie
La campagne anti-Russe lancée par les autorités britanniques du
fait de l’empoisonnement présumé de l’ancien officier de la Direction générale
des renseignements Sergueï Skripal et de sa fille a suivi la démarche qui a
déjà été appliquée pour accuser sans fondement la Fédération de Russie quant à
la tentative d’assassinat présumée contre Boris Berezovsky à Londres durant l’été
2003 et à la mort d’Alexandre Litvinenko au Royaume-Uni en novembre 2006.
Dans ces trois affaires, les sujets des provocations étaient des
personnes qui avaient été poursuivies pour des crimes graves en Russie et qui
avaient critiqué à plusieurs reprises les autorités russes, ce qui donnait l’impression
que celles-ci avaient un motif de les éliminer.
Dans chacun des trois cas, on retrouve une désinformation massive
et des accusations infondées selon lesquelles les services spéciaux russes auraient
utilisé des substances toxiques sur le sol britannique, ce qui a été utilisé
comme base pour exiger des sanctions contre la Russie.
Dans les trois cas, en contradiction avec la Convention européenne
d’entraide judiciaire en matière pénale de 1959, les autorités britanniques ont
refusé de coopérer avec les services policiers et judiciaires russes, classifié
les informations sur les progrès et les conclusions des enquêtes sur les événements
mentionnés au Royaume-Uni et ainsi exclu la possibilité d’évaluer leur
objectivité.
Dans ces circonstances, le Bureau du Procureur Général de la
Fédération de Russie a décidé de divulguer les faits établis dans le cadre de
deux enquêtes criminelles : une enquête sur l’obtention d’asile au Royaume-Uni de
manière illicite par l’accusé Boris Berezovsky en septembre 2003, en affirmant
faussement que les services spéciaux russes avaient préparé son assassinat à
Londres durant l’été 2003, et l’enquête sur la mort d’Alexandre Litvinenko.
Ces faits ont été objectivement prouvés au cours des enquêtes
menées en Russie et confirmées par les conclusions des services policiers et
judiciaires étrangers, y compris britanniques, que les autorités politiques
britanniques ont délibérément dissimulées et déformées.
Le Bureau du Procureur Général de la Fédération de Russie est également
prêt à faire une démarche sans précédent et à publier dans les médias à grand
public des copies de certains documents concernant des affaires pénales en
rapport avec le dossier, y compris sa correspondance avec le Ministère de l’intérieur
britannique, y compris directement avec Theresa May lorsqu’elle en était Ministre.
Ces documents démontrent clairement qu’au moment où les autorités
britanniques accordaient le statut de réfugié à Boris Berezovsky, elles
savaient que sa demande d’asile était fondée sur de fausses allégations selon
lesquelles une tentative d’assassinat contre lui avait été préparée à l’été
2003.
Ces documents montrent également que quelques mois avant la mort d’Alexandre
Litvinenko, le Ministère de l’intérieur britannique avait été informé que lui
et plusieurs autres personnes impliquées dans l’obtention de l’asile de
Berezovsky par une mise en scène de tentative d’assassinat encouraient un
risque réel ; cependant, il n’a pris aucune mesure opportune pour protéger ces
personnes.
Les faits
En juillet 2006, le Bureau du Procureur Général de la Fédération de
Russie a reçu une demande écrite de Vladimir Terluk, un apatride originaire du
Kazakhstan qui résidait au Royaume-Uni avec sa famille depuis 1999.
Demande manuscrite de Vladimir Terluk
Il déclarait qu’entre mai et septembre 2003, Boris Berezovsky,
Alexander Litvinenko, Alexander Goldfarb (vice-président de la Fondation
internationale pour les libertés civiles, financée par Boris Berezovsky) et
leurs avocats britanniques (dont les identités sont connues), dans le but de
créer des motifs fictifs pour la demande d’asile de Boris Berezovsky, avaient tenté
de le menacer et de le soudoyer pour qu’il fasse une fausse déclaration aux services
policiers et judiciaires britanniques avouant qu’il était membre des services
spéciaux russes et était impliqué dans la préparation de l’assassinat de Boris
Berezovsky.
Terluk ayant refusé de porter ce faux témoignage, Litvinenko et
Goldfarb, agissant sous les instructions de Berezovsky, ont soumis aux
autorités britanniques compétentes, respectivement le 31 juillet 2003 et le 4
août 2003, de fausses informations selon lesquelles Terluk était un agent des
services spéciaux russes chargé de tuer Berezovsky en utilisant une substance
toxique (des copies des déclarations sont disponibles).
Une déclaration similaire a été faite
par l’avocat Clare Montgomery lors des audiences du tribunal de Bow Street à
Londres concernant l’octroi de l’asile à Yuly Dubov, l’associé de Berezovsky,
qui a également fui au Royaume-Uni pour éviter les poursuites en Russie. James
Lewis, du Service des poursuites judiciaires de la Couronne, a participé aux
audiences, et a exigé que la déclaration de Mme Montgomery fasse l’objet d’une
enquête officielle.
Dans le cadre de cette enquête, en septembre 2003, les agents de
Scotland Yard Simon Rose (matricule n ° 192637, téléphone 02072302991) et David
Cadman (matricule n ° 170715, téléphone 02072302175) ont demandé à Terluk s’il
appartenait aux services spéciaux russes et avait été chargé de tuer Berezovsky
avec une substance toxique. Terluk a catégoriquement nié ces déclarations sans
fondement et a décrit en détail tout le scénario de la mise en scène de Berezovsky
simulant une tentative d’assassinat afin d’obtenir l’asile au Royaume-Uni ainsi
que les actions de Litvinenko, Goldfarb et d’autres personnes impliquées dans la
mise en scène de cette provocation. Plus tard, Terluk a confirmé sa déposition
sous serment devant la Haute Cour de justice d’Angleterre et du Pays de Galles
lors du procès contre Berezovsky en 2010.
En guise de conclusion
de l’enquête, le 13 janvier 2004, la représentante du Ministère de l’Intérieur
britannique, Hazel Blears, a annoncé officiellement que celle-ci elle était terminée
en raison de l’absence de preuves objectives d’une tentative d’assassinat
contre Berezovsky à Londres durant l’été 2003. Malgré cela, le Ministre de
l’Intérieur britannique décida d’accorder le statut de réfugié à Berezovsky et
refusa pour ces motifs de l’extrader vers la Russie suite à la demande du Bureau
du Procureur Général. En même temps, divers médias à grand public ont publié la déclaration de Berezovsky affirmant que le motif
de l’octroi de l’asile était le fait qu’une tentative d’assassinat contre lui
avait été préparée à Londres, et que Berezovsky et ses avocats en avaient
notifié le Ministère de l’intérieur britannique.
Depuis que Terluk a témoigné contre
Berezovsky et ses associés, il a reçu à plusieurs reprises des menaces de leur
part et, en raison de l’inaction des autorités britanniques compétentes, a dû faire
appel au Bureau du Procureur Général russe en demandant la protection de l’Etat.
Le 7 août 2006, le Bureau du Procureur Général de la Fédération de
Russie a transmis au Ministère britannique de l’Intérieur ladite déclaration de
Terluk afin que les mesures nécessaires visant à assurer sa sécurité puissent
être prises.
Cette lettre indiquait également que durant la période du printemps
à l’automne 2003, Berezovsky, Litvinenko, Goldfarb et d’autres personnes
avaient tenté, par divers moyens, de persuader Terluk de fournir sciemment de
fausses informations au sujet de la préparation d’une tentative d’assassinat
contre Berezovsky par les services spéciaux russes.
[Des copies de la lettre du Bureau du Procureur Général russe et de
la demande du 7 août 2006 avec traduction en anglais ont été publiées.]
Le 12 octobre 2006, le Bureau du Procureur Général de la Fédération
de Russie a envoyé une autre lettre au Ministère de l’Intérieur britannique
complétée par une demande datée du 4 octobre 2006, pour les besoins de l’enquête,
de fournir des copies des documents ayant servi de base à l’octroi de l’asile à
Boris Berezovsky. C’est-à-dire des copies des déclarations sciemment fausses d’Alexandre
Litvinenko et d’Alexandre Goldfarb.
[Des copies de la lettre du Bureau du Procureur Général russe du 12
octobre 2006 et de la demande d’enquête du 4 octobre 2006 avec traduction en
anglais ont été publiées.]
Ainsi, le Ministère de l’intérieur britannique a reçu lesdites
demandes du Bureau du Procureur Général de la Fédération de Russie alors qu’Alexandre
Litvinenko était toujours en vie – avant le 1er novembre 2006, date
officielle de son empoisonnement. Cela signifie que les autorités britanniques
ont eu l’occasion de procéder à un interrogatoire opportun de Litvinenko en
relation avec les circonstances spécifiées dans les demandes du Bureau du
Procureur Général russe et de protéger ce participant clé aux événements faisant
l’objet d’une enquête mais ne l’ont pas fait.
De plus, le 23 octobre 2006, le Ministère de l’Intérieur britannique
a adressé une lettre au Bureau du Procureur Général russe dans laquelle il
refusait d’accorder une protection étatique pour les témoins dans l’affaire
Boris Berezovsky, expliquant que la protection des témoins échappait au cadre
de l’entraide judiciaire, comme stipulé dans les dispositions de la Convention
européenne de 1959, et recommandait que la question soit traitée par Interpol.
[Une copie de la lettre du Ministère de l’Intérieur britannique du
23 octobre 2006 en anglais et en russe a été publiée.]
Entre août 2006 et décembre 2011, le Bureau du Procureur général de
Russie a adressé au Ministère de l’Intérieur britannique un total de 39
demandes demandant la protection de Vladimir Terluk, complétées par des
demandes d’interrogatoire de l’accusé Boris Berezovsky et de ses complices impliqués
dans la provocation qui a conduit à son obtention du statut de réfugié, ainsi
qu’à une confrontation directe entre ces personnes et M. Terluk.
Le Ministère de l’Intérieur britannique a ignoré les requêtes pour ces
actions d’enquête ; par conséquent, l’interrogatoire de Litvinenko est devenu
impossible en raison de sa mort le 23 novembre 2006. Il est évident que la
mort de Litvinenko était très commode à la fois pour se débarrasser de l’un des
principaux témoins qui pourraient témoigner contre Boris Berezovsky, et en
guise de nouveau motif pour lancer une nouvelle campagne anti-Russe.
Ce n’est qu’après la mort d’Alexandre Litvinenko, le 14 décembre
2006, que la police de la ville de Londres a commencé à prendre des mesures
pour assurer la protection de Vladimir Terluk et de ses proches, ce dont le Ministère
de l’Intérieur britannique a fait état dans sa lettre du 13 mars 2007.
[Des copies de la lettre du Ministère de l’Intérieur britannique du
13 mars 2007 et du rapport de la police de Londres du 11 janvier 2007 en
anglais et en russe ont été publiées.]
Cependant, les mesures de protection de Vladimir Terluk et de sa
famille se sont avérées inefficaces. Ainsi, le 31 juillet 2010, après que
Vladimir Terluk a témoigné contre Boris Berezovsky à la Haute Cour de justice d’Angleterre
et du Pays de Galles, des inconnus l’ont agressé et brutalement battu avec une
barre en métal, lui et sa femme, près des localités de Stevenage et Graveley,
les blessant tous deux grièvement.
[Des photographies de Vladimir Terluk et de sa femme montrant des
marques de coups ont été publiées.]
Le 4 août 2010, le Procureur Général adjoint de la Fédération de
Russie a envoyé une lettre personnelle concernant l’enquête sur ce crime à la
ministre de l’Intérieur, Theresa May, soulevant une fois de plus la protection
insuffisante offerte par les autorités britanniques à Vladimir Terluk et aux
autres parties des procédures pénales dans l’affaire Boris Berezovsky, y
compris Alexandre Litvinenko.
[Une copie de la lettre du Bureau du Procureur Général du 4 août
2010 avec traduction en anglais a été publiée].
Ni cette lettre ni les messages subséquents du Bureau du Procureur Général
russe adressés à Theresa May n’ont reçu la moindre réponse. Jusqu’à présent,
les responsables de l’attaque contre Terluk et sa femme n’ont pas été
identifiés, et aucune protection supplémentaire de l’État n’a été offerte à
Terluk et à ses biens. En raison de l’inaction des autorités britanniques
compétentes, le 14 octobre 2011, la voiture de la famille Terluk a été volée
par des inconnus. Ce crime est également resté non résolu.
De la même manière, le Ministère de l’Intérieur britannique s’est
retiré de ses obligations découlant de la Convention européenne de 1959 en
enquêtant sur les circonstances de la mort d’Alexandre Litvinenko.
Par exemple, depuis le 16 décembre 2006, lorsque le Bureau du
Procureur Général de la Fédération de Russie a ouvert une enquête criminelle
sur le décès d’Alexandre Litvinenko, le Ministère de l’Intérieur britannique n’a
pas répondu pleinement à ses demandes d’enquête sur le territoire britannique
et a refusé de fournir les résultats des études d’experts visant à établir la
cause de la mort de Litvinenko.
La partie russe s’est également vu refuser toute preuve obtenue au
cours de l’enquête menée par la police britannique. Ces matériaux ont été classifiés.
Entre-temps, en accord avec la position officielle exprimée à
maintes reprises par les hauts responsables britanniques et diffusée par les
médias à grand public impliqués, il a été soutenu qu’Alexandre Litvinenko avait
été empoisonné à Londres le 1er novembre 2006 par les ressortissants
russes Andrey Lugovoi et Dmitry Kovtun avec du polonium radioactif 210 produit
par la Russie.
Ces allégations ont été réfutées sur la base des éléments de preuve
obtenus par le Comité d’enquête russe et des résultats de l’enquête menée par
le parquet de Hambourg.
Ainsi, le parquet allemand, à l’instar des autorités d’enquête
russes, a confirmé que le 1er novembre 2006, Andrey Lugovoi et
Dmitry Kovtun avaient rencontré Litvinenko à Londres, où ils étaient arrivés le
même jour par avion, respectivement de Moscou et de Hambourg.
Cependant, la décision du Procureur Général allemand Redder du 6
novembre 2009 déclare que l’analyse de tous les éléments de preuve obtenus par
le parquet de Hambourg, y compris les données fournies par le Royaume-Uni sur
les sites identifiés par les autorités britanniques comme contaminées par le
polonium 210, a révélé que le polonium était présent à Londres avant l’arrivée
de Lugovoi et Kovtun le 1er novembre 2006. Des traces du
radionucléide ont été trouvées dans le bureau de Berezovsky à Londres et dans l’organisme
de l’Italien Mario Scramella, que Litvinenko avait rencontré à Londres le 1er
novembre 2006 avant sa rencontre avec Lugovoi et Kovtun.
Compte tenu de ce qui précède, le Parquet de Hambourg a, par sa décision
du 6 novembre 2009, mis fin à la procédure engagée en vertu du paragraphe 170
de la page 2 du Code de procédure pénale de la République fédérale d’Allemagne
pour absence d’éléments soutenant l’accusation.
[Des extraits de la décision du Bureau du Procureur de Hambourg du
6 novembre 2009 dans les langues russe et allemande portant la signature du
Procureur Redder ont été publiés.]
Et pourtant, les autorités britanniques persistent dans leurs
accusations sans fondement contre la Russie et des ressortissants russes à
propos de la mort de Litvinenko, ainsi que dans leurs tentatives d’établir des
analogies non fondées entre cet événement et l’empoisonnement de Skripal et de
sa fille en mars 2018 au Royaume-Uni.
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