Discours du Secrétaire Général du Hezbollah, Sayed Hassan Nasrallah, le 27 mars 2015
Sayed Hassan Nasrallah a
vivement condamné l’agression américano-saoudienne contre le Yémen et a exprimé
son soutien au peuple yéménite et au mouvement résistant indépendantiste Ansarallah,
dont il prédit une victoire certaine et éclatante.
Dans cet extrait, il évoque longuement la prétendue ‘rivalité’
entre l’Arabie Saoudite et l’Iran au Moyen Orient depuis 1979, date à laquelle
le Shah, qui dominait le régime saoudien, a été renversé. L’Arabie Saoudite est
alors devenue le plus grand adversaire de la nouvelle République Islamique,
dont l’influence n’a cessé de croître. En effet, comme Cuba à son heure, l’Iran révolutionnaire a toujours prêté une
main secourable aux peuples opprimés du Moyen Orient sans jamais demander de contrepartie, tandis que l’Arabie Saoudite n'y traite qu'avec des vassaux et s’est
toujours tenue aux côtés des oppresseurs, qu’ils soient locaux (Saddam Hussein,
Al-Qaïda) ou importés (Américains, Israéliens). Par sa politique arrogante, destructrice
et collaborationniste, l’Arabie Saoudite a irrésistiblement poussé tous les
peuples martyrs de la région à se rapprocher de l’Iran.
Transcription :
[…]
Le
troisième prétexte [de l’agression saoudienne contre le Yémen] est le plus
important bien que ce soit également un faux prétexte, dépourvu de toute
réalité ; je vous dirai ensuite quelle est la véritable raison de cette guerre.
Le troisième prétexte, qui est actuellement le plus développé et répandu dans
les médias saoudiens, du Golfe et arabes, et tous les médias financés par l’Arabie
Saoudite et ses alliés, et (qui explique) pourquoi ils se lancent dans une
guerre au Yémen... Le prétexte est que le Yémen est maintenant occupé par l’Iran.
(Le prétexte est) l’hégémonie iranienne sur le Yémen, l’ingérence iranienne au
Yémen.
« Ca
y est ! Le Yémen est devenu l’Iran ! Mais le Yémen est arabe ! Il faut que nous
le récupérions ! Il fait partie de la péninsule arabique... ».
(C’est
ce qu’ils prétendent) bien qu’ils n’aient jamais accepté de l’intégrer au
Conseil de Coopération du Golfe, car ils le considèrent comme un sous-pays, de
seconde classe, avec un peuple miséreux, un fardeau... Très bien. Il faudrait
donc soustraire le Yémen à l’occupation iranienne, à la domination iranienne,
au contrôle iranien. Et c’est là un des mensonges les plus énormes qu’on s’efforce
aujourd’hui de répandre à travers cette campagne médiatique brutale qui est
encore plus violente que l’agression militaire.
Eh
bien, parlons-donc avec calme et logique, et je vais maintenant étendre mon
propos à l’ensemble de la région avant de revenir au Yémen à la fin de mon
discours. Où sont donc les signes, les preuves que le Yémen est sous occupation
iranienne ? L’occupation a plusieurs visages, mais l’une des plus importantes
manifestations d’une telle occupation serait la présence de forces armées
iraniennes au Yémen. Des bases militaires iraniennes qui seraient présentes,
par exemple, dans tel pays, ce qui nous permettrait d’accuser l’Iran d’occuper
ce pays. Y a-t-il des forces armées iraniennes au Yémen ? Y a-t-il des bases
militaires iraniennes au Yémen ? L’Iran occupe-t-il vraiment le Yémen
militairement ? C’est là l’un de ces mensonges tellement énormes qu’il ne
mérite pas même d’être débattu.
Ensuite,
ils disent donc que ce n’est pas une occupation militaire, mais qu’il y a une
hégémonie iranienne, une domination iranienne sur le Yémen. Très bien. Ce point
mérite qu’on en débatte, non pas seulement en ce qui concerne le Yémen, mais
afin de comprendre tout ce qui se passe dans notre région.
Permettez-moi de soulever un problème fondamental dans la mentalité du régime saoudien et de leurs alliés. Ils ont un problème dans leur esprit, à savoir le fait qu’ils ne reconnaissent pas l’existence des peuples : le peuple tunisien, le peuple égyptien, le peuple yéménite... Jusqu’aux peuples du Golfe, jusqu’au peuple saoudien lui-même ! Le peuple irakien, etc..... Ils n’existent pas (selon eux). Pas plus que les mouvements populaires, la volonté du peuple, les causes populaires... Et c’est pourquoi, parce qu’ils sont des rois, des dirigeants, des ‘puissants’ entre guillemets, ils considèrent tout le monde comme des sujets (serviteurs), et par conséquent, ces serviteurs ne peuvent pas avoir de volonté indépendante, de cause indépendante, d’identité propre. Et si un jour ils se soulèvent, cela fait (pour eux) partie de l’Axe opposé (Axe de la Résistance), et on le décrit comme partie intégrante des conflits régionaux et internationaux. Comme cela. C’est un problème conceptuel fondamental. Et c’est pourquoi ils se sont comportés ainsi avec la Tunisie, avec la question égyptienne, avec le Yémen dès le début, avec la Libye, l’Irak, la Syrie, etc., toutes les zones (concernées)...
Cette
mentalité, ce mode de raisonnement, à quoi conduisent-ils ? Ils mènent à des
prises de positions erronées, à des politiques erronées et par conséquent à des
résultats erronés (indésirables) et à des échecs successifs. Une succession d’échecs.
Eh bien, si nous considérons les 20-30 dernières années, si nous considérons la
politique étrangère sur cette période (je ne parle pas de la situation
intérieure), si nous considérons la diplomatie saoudienne... Trouvez-moi donc des
succès ! Trouvez-moi donc des accomplissements et des réussites ! Ce n’est qu’une
succession d’échecs ! On va en parler en détail.
Pourquoi
ces échecs ? Ils découlent de politiques erronées, qui découlent elles-mêmes de
lectures erronées de la situation, causées par une mentalité qui considère les
choses de manière erronée, qui a des principes infondés. A la base, ce sont ces
politiques et fausses voies qui ont amené la région – parlons en toute
franchise – à devenir ouverte à l’Iran, même si l’Iran ne déploie pas de grands
efforts pour cela. C’est vous – et je vais donner des preuves – c’est vous qui
poussez les peuples de la région vers l’Iran. Le problème est de votre côté,
pas du côté de l’Iran. Le problème, c’est vous, votre échec, votre conception,
votre administration, votre conduite, vos plans et votre compréhension. Je vais
donc donner quelques exemples, car à partir de ces exemples, nous pouvons
comprendre la situation de la région.
Commençons
avec le Liban. En 1982 – je vais parler en arabe littéraire pour faciliter la
compréhension. En 1982, lorsqu’Israël a occupé de grandes parties du Liban et
est entré dans la capitale, Beyrouth, tous les Arabes ont abandonné le Liban, à
l’exception de la Syrie. Maintenant, il est vrai que certains pays arabes avaient
une position politique (ferme), et nous les remercions – je me souviens de l’Algérie,
du Soudan, et il y avait quelques autres pays. Mais de manière générale, les
Arabes qui ont de l’argent, des moyens, de l’influence, qui dépensent des
centaines de milliards de dollars en armes, avions et artillerie ont abandonné
le Liban. Les Libanais avaient le droit de résister à l’occupation israélienne,
et ils ont recherché de l’aide, quiconque pouvait les soutenir et prendre leur
situation à cœur : il y avait la Syrie, et il y avait l’Iran.
L’Iran
est donc venu du bout du monde, alors qu’une guerre lui était imposée. Vous
avez vous-mêmes un rôle dans cette guerre qui fut imposée à l’Iran. Mais l’Iran
ne s’est pas tenu à l’écart en disant : « Désolé, l’Irak nous fait la guerre –
pardon, le régime de Saddam Hussein nous fait la guerre, il est aidé par les
Arabes, les pays du Golfe, alors que les Libanais se débrouillent seuls », non
! L’Iran a entendu et répondu à notre appel au secours, il est venu, il a aidé
les Libanais, il leur a apporté l’expertise et l’expérience, il leur a fourni l’argent,
les armes, les techniques, etc., etc., etc.
Mais
la Résistance au Liban était libanaise. Ses hommes, ses femmes, ses dirigeants,
ses martyrs, ses prisonniers, ses héros, ses blessés, ses orphelins, les
familles de ses martyrs, sa cause, son mouvement, sa décision étaient libanais
à 100%. Ce n’était pas une Résistance iranienne. Mais puisque vous ne
reconnaissez pas de peuple libanais, de Résistance libanaise, de mouvement libanais,
de volonté libanaise, vous avez décrit cette Résistance, depuis le tout début jusqu’à
ce jour, comme une Résistance iranienne, ou d’une Résistance soumise à l’Iran,
mais ce n’est pas le cas. Et vous n’avez pas la moindre preuve que les choses soient
comme vous les décrivez, alors que je peux avancer 1000 preuves qu’elle est
comme je la décris. Mais vous vous comportez comme si la Résistance au Liban
était une Résistance iranienne, non pas une Résistance libanaise ou arabe.
Même
lorsque nous avons remporté la victoire et que nous l’avons dédiée aux Arabes
et à la communauté arabe, vous ne l’avez pas acceptée. Vous ne l’avez pas
acceptée, et vous avez agi comme si c’était une victoire iranienne, une
victoire sectaire. Alors que nous voulions que cette victoire soit celle de
tous les Arabes, de tous les musulmans et de toutes les personnes honorables du
monde.
Voici
donc un (premier) exemple. Vous pouvez dire que l’Iran est très respecté au
Liban par un large segment de la population, et qu’il a son influence. Oui, c’est
vrai. Mais est-ce que l’Iran occupe le Liban ? Non. Est-ce que l’Iran domine le
Liban ? Non. Est-ce que l’Iran impose ses décisions au Liban ? Non, jamais de
la vie. Et je reviendrai sur ce point.
Voilà
donc pour ce qui concerne le Liban.
Considérons
maintenant la Palestine. Vous, les Arabes – pardon, vous les gouvernements
arabes, et en particulier le régime saoudien et les pays du Golfe, vous avez
abandonné le peuple palestinien, comme nous l’avons évoqué au début (du
discours), vous l’avez trahi et délaissé face à Israël. Vous avez laissé Israël
tuer, massacrer, déplacer, bombarder, détruire, violer, arrêter, emprisonner...
Et vous avez laissé le soin aux Etats-Unis de trouver une solution politique, à
travers des négociations qui n’ont jamais mené à rien, en quête d’un mirage.
Vous
n’avez rien fait pour le peuple palestinien : mes amis, n’entrez pas en guerre
pour le peuple palestinien, mais n’avez-vous pas de l’argent ? Vous avez des
milliards de dollars. Pourquoi le peuple palestinien vit-il dans une telle misère
? Dans les camps, que ce soit les camps de réfugiés ou ceux à l’intérieur de la
Palestine ? Pourquoi les Palestiniens n’ont-ils toujours pas pu reconstruire ce
qui fut détruit durant les guerres à Gaza, et pas seulement la dernière guerre
? Pourquoi les habitants d’Al-Quds (Jérusalem) sont-ils forcés d’émigrer, de
même que les habitants de la Cisjordanie ? Pourquoi ... pourquoi ...
pourquoi... (tout cela) alors que vous avez tant d’argent ?!
Nous
ne voulons pas que vous combattiez, nous ne voulons pas que vos officiers, ni
vos généraux, ni vos soldats, ni vos avions, ni vos « Tempêtes Décisives »
soient lancés contre Israël. Nous voulons juste un peu de cet argent que vous
dépensez en Europe, en Amérique – le monde entier sait à quoi vous dépensez cet
argent [casinos, débauche, etc.] – pour le peuple palestinien, ayez un peu de
compassion pour lui ! Mais vous n’avez jamais eu de compassion pour lui. Vous
ne l’avez pas abandonné seulement à l’occupation, vous l’avez abandonné à la pauvreté,
à la faim, à l’humiliation, aux camps de réfugiés.
Ce
peuple palestinien a donc fait appel à l’Iran. Eh bien que l’Iran était soumis
à une guerre – une guerre qui lui a été imposée par vous, une guerre de 8 ans
–, et après cela des sanctions et un siège lui ont été imposés, encore une fois
par votre grâce, malgré tout cela, l’Iran a aidé les Palestiniens et leur a
fourni tout ce qu’elle pouvait leur fournir : argent, armes, assistance,
transfert d’expertise, entraînement, expérience, capacités techniques, ainsi qu’une
prise de position politique élevée, catégorique, décisive. Eh bien, pourquoi le
peuple palestinien ne devrait-il pas éprouver de la sympathie pour l’Iran et l’aimer,
puisque l’Iran a embrassé sa cause, l’a aimé et l’a aidé et assisté malgré tous
ses problèmes ?
Après
cela, vous vous exclamez : « L’influence iranienne en Palestine », « La
question palestinienne est devenue une question iranienne », « Nous devons
faire en sorte que la question palestinienne redevienne une question arabe. » Mais
qui vous l’a enlevée ? Qui a rivalisé avec vous pour s’en occuper ? Qui vous a
devancés pour s’en emparer ? C’est vous qui avez abandonné (la Palestine), vous
l’avez trahie, foulée aux pieds, et l’Iran est venu – bien sûr, la Syrie avait
toujours une position honorable sur les plans politique, matériel, moral et sur
le terrain en ce qui concerne la cause palestinienne ; mais je parle ici de l’Iran
car la Syrie n’est pas accusée en ce qui concerne le Yémen.
Ils
veulent donc reprendre la question palestinienne qui est devenue (selon eux)
une question iranienne. Mais l’Iran ne domine pas les Palestiniens, il ne les
contrôle pas, ni leurs décisions, ni leurs mouvements, ni leurs dirigeants, en
aucune manière. Je reviendrai aussi sur ce point dans ma conclusion générale, où
je reprendrai tous ces points et recoudrai ce canevas.
Et
en ce qui concerne l’Irak, que dites-vous au sujet de l’Irak ? « L’influence
iranienne en Irak, la domination iranienne, l’occupation... »
Premièrement,
il n’y a pas d’occupation iranienne en Irak.
Deuxièmement,
en ce qui concerne l’influence, l’impact et la présence (iranienne). Eh bien, l’Irak,
mes amis, l’Irak… Rappelons-nous donc de ce que vous avez fait en Irak – l’Arabie
Saoudite et ceux qui sont à ses côtés.
Premièrement,
Saddam Hussein avait évidemment bien assez de motivations pour lancer une
guerre contre l’Iran, mais vous l’avez encouragé et financé d’après l’aveu du
Prince Nayef à des responsables iraniens, face à face. Il a déclaré : « Nous
avons donné à Saddam Hussein 200 milliards de dollars, et nous lui aurions
donné plus si nous avions pu. » A l’époque, bien sûr, 100 milliards de dollars représentaient
une somme colossale, et vous savez ce qu’était alors le prix du pétrole et ce
qu’étaient les capacités financières de l’Arabie Saoudite à cette époque. 200
milliards de dollars rien que de la part de l’Arabie Saoudite. Et vous avez
incité Saddam Hussein à la guerre, et il est entré en guerre. L’Iran fut
détruit, et l’Irak fut détruit, et les deux pays et les deux peuples souffrent
encore des répercussions de cette guerre injuste, qu’ils doivent à tes
bénédictions, ô régime saoudien.
Eh
bien, ensuite, vous avez encouragé, incité, aidé et soutenu George Bush à
occuper l’Irak. L’armée américaine est venue occuper l’Irak, et vous avez fait
partie de cette opération militaire, sécuritaire, de terrain, logistique et
politique. Bien sûr, vous n’étiez impliqués qu’en facilitant la tâche à l’armée
américaine, vous n’avez pas directement pris part aux combats, et l’armée
américaine n’avait ni besoin ni envie que vous fournissiez de soldats. Les
Américains sont donc venus et ont occupé l’Irak.
Lorsqu’il
devint clair que le peuple irakien ne se soumettrait pas à l’occupation
américaine et en profiterait pour se débarrasser du régime de Saddam Hussein afin
de restaurer son pouvoir de décision et son statut, et lorsqu’il apparut qu’il
confronterait l’occupation par la politique ou par la résistance, vous avez
déchaîné contre lui tous les groupes d’Al-Qaeda et les groupes takfiris. Je le
sais, et les Irakiens le savent, et certains d’entre eux l’ont déclaré dans les
médias. Et j’ai toujours appelé, de même que j’appelle à présent les Irakiens à
avoir le courage de révéler la vérité au peuple irakien et à tous les peuples
arabes et tous les peuples du monde, (à savoir que) ceux qui envoyaient les
kamikazes en Irak, qui contrôlaient l’envoi de voitures piégées en Irak et qui
finançaient les opérations terroristes à Bagdad et dans les autres villes
irakiennes, au Nord, au Sud et dans les parties centrales de l’Irak, sans faire
la moindre différence entre Kurdes, Arabes, ou Turkmènes, ni Sunnites, Chiites,
Musulmans ou Chrétiens, ceux qui ont fait tout cela étaient les services
secrets saoudiens.
Vous
[l’Arabie Saoudite] avez fait sombrer le peuple irakien dans le malheur. Et
votre crime le plus récent contre l’Irak est Daech (l’Etat Islamique). Vous et
vos alliés avez rassemblé Daech depuis les quatre coins du monde afin de
renverser le régime de Bachar al-Assad et le gouvernement de Nouri al-Maliki.
Est-ce là un secret ? Tout le monde le sait. Je ne dis pas tel gouvernement en
particulier : votre hostilité était à l’encontre d’une personne (al-Maliki). Et
finalement, vous avez lancé Daech (sur tout le pays), et vos services secrets,
votre Bandar (bin Sultan) ont apporté Daech, l’ont armé, financé, jusqu’à ce
que le sortilège se retourne contre le sorcier, et que Daech vous ait terrifié et
ait échappé à votre contrôle avez perdu contrôle, tout comme Al-Qaïda
auparavant. Telle est la situation en Irak.
Quelles
sont les actions qu’a vues le peuple irakien ? Quelles actions du régime
saoudien a-t-il vu ? Depuis des décennies, lorsque Saddam Hussein décimait le
peuple irakien, lorsqu’il commettait des massacres de masse contre le peuple
irakien, lorsqu’il exterminait le peuple du Nord et du Sud, et attaquait le
peuple du centre de l’Irak, ne souteniez-vous pas Saddam Hussein et son régime
? Ce peuple irakien opprimé, depuis le début de l’occupation américaine, a vu
qu’il y avait des gens qui se tenaient à ses côtés, à savoir l’Iran. L’Iran se
tenait aux côtés du peuple irakien sur le plan politique, du point de vue de sa
position régionale et internationale, et même dans la Résistance, et l’Iran
faisait ainsi preuve d’un courage et d’une noblesse exceptionnels et sans
précédent, car il apportait son soutien à une résistance en Irak contre l’armée
américaine et ne se contentait plus de soutenir des mouvements de résistance en
Palestine et au Liban contre l’armée israélienne. Et les Américains ont menacé
de bombarder l’Iran, et de bombarder les Forces d’Al-Qods (forces spéciales
extérieures iraniennes) qui sont maintenant devenues célèbres. Et ils ont
menacé de bombarder les bases militaires iraniennes, et ils savaient où s’entraînaient
les résistants irakiens en Iran.
Et
finalement, lorsque Daech a attaqué, et que les provinces irakiennes tombaient
entre leurs mains les unes après les autres, et que Bagdad, Erbil et tout le
Sud étaient sur le point de succomber, que Daech allait arriver aux frontières
de l’Arabie Saoudite et du Koweït, etc., etc., etc., qui le premier a pris l’initiative
d’aider le peuple irakien ? Qui a envoyé ses propres enfants (pour protéger l’Irak)
? Qui a envoyé de l’argent, de armes, des munitions, des experts sans attendre
qui que ce soit dans ce monde ? Et ils n’ont fait aucune distinction (sectaire)
: tout comme ils ont soutenu les chiites au Sud, ils ont aidé les Kurdes au
Nord, car ils venaient en aide à tout le peuple irakien. Chiites, Sunnites,
Kurdes, Turkmènes, qui qu’ils soient. N’est-ce pas l’Iran ? N’est-ce pas l’Iran
(qui a accompli tout cela) ? Qu’avez-vous fait vous-mêmes pour défendre le
peuple irakien face à Daech ? Et qu’ont fait les Américains qui sont venus très
tardivement, et ont fait mine de rassembler une coalition, ont apporté leurs
avions, etc., mais malgré ça, leur jeu est transparent. On voit clair dans leur
jeu.
Par
conséquent, pourquoi le peuple irakien ne respecterait-il pas l’Iran ? Pourquoi
ne l’aimerait-il pas ? Pourquoi l’Iran n’aurait-il pas une présence et une
influence en Irak ? Alors que l’Iran s’est tenu à ses côtés, l’a aidé, l’a
soutenu, l’a défendu durant les derniers mois au cours d’une bataille qui a failli
mettre fin à l’existence de l’Irak à cause de votre soutien à Daech ?
Mais
voilà que les chaînes d’informations Al-Arabiya, Al-Jazeera et les responsables
arabes s’exclament « L’influence iranienne en Irak. » Mais c’est votre faute !
Vous n’êtes que des bons à rien, des fainéants ! Vous êtes des ratés ! Vous n’avez
pas assumé vos responsabilités à l’égard du peuple irakien. Il y avait un
acteur présent, qui se souciait de la situation, prenait des initiatives et des
responsabilités d’une manière rapide et efficace – bien qu’en général les
Iraniens soient calmes et patients. Par conséquent, pourquoi l’Iran n’aurait-il
pas une présence, une influence, un poids ?
Même
chose pour la Syrie, où vous avez déversé tous les monstres sanguinaires de la
Terre, non pas pour aider le peuple syrien, mais bien pour renverser le régime
et dominer la Syrie. Je connais tous les détails, mais je n’ai pas le temps de
les évoquer maintenant, peut-être qu’on pourra le faire dans une semaine ou dix
jours. Mais le véritable objectif était de transformer la Syrie en un Etat
client, soumis. De faire en sorte que Bachar Al-Assad, ce jeune Président qui
gouverne dans certaines conditions économiques… Je connais les efforts déployés
par l’Arabie Saoudite, le Qatar et la Turquie ainsi que la politique mise en œuvre
contre le Président Bachar Al-Assad afin de le renverser et de transformer la
Syrie en Etat client soumis à l’Arabie Saoudite, au Qatar et à la Turquie.
Mais
la Syrie a fait le choix de rester un pays indépendant, convaincu de son
pouvoir, de son influence et de son poids régionaux et attachés à eux. Vous
avez donc réuni le monde entier pour combattre la Syrie, afin de renverser le
Président Bachar Al-Assad et le régime syrien. Vous avez détruit la Syrie, tué
et massacré le peuple syrien et rejeté toute solution politique en Syrie. O mes
frères, tout le peuple syrien, le peuple lui-même, le peuple de Syrie, les
habitants de la Syrie – allez donc faire un sondage, à l’intérieur et à l’extérieur,
et vous découvrirez que le peuple syrien veut une solution politique à l’unanimité.
Point final. Et cette guerre ne mènera pas à la chute du régime, mais à plus de
sédition et de destruction. Qui empêche donc une solution politique en Syrie ?
Qui embrase la Syrie et y jette continuellement de l’huile sur le feu ? C’est
le Royaume d’Arabie Saoudite et ses alliés qui causent tout cela. Ils font cela
parce qu’ils n’ont pas pu réaliser leurs objectifs.
Il
est donc naturel qu’il y ait du respect envers l’Iran, car l’Iran est venu en
Syrie et s’est tenu à ses côtés, il a apporté son aide, son soutien, et il n’y
a pas d’armée iranienne (en Syrie). Il n’y en a pas ! Le nombre d’Iraniens en
Syrie est insignifiant, je ne sais pas exactement (20, 30, 25, 40). Je vous
affirme sur mon autorité que ce nombre n’excède pas 50 Iraniens. Sur ma
responsabilité personnelle, et sans le moindre doute. Mais Saud Al-Fayçal
[ministre des affaires étrangères saoudien] s’exclame que la Syrie a été
occupée par l’Iran ! Et ce qui est encore plus ridicule, c’est de dire qu’elle
est occupée par le Hezbollah ! Au moins, l’Iran est un Etat régional, mais le
Hezbollah... Est-il capable d’occuper la Syrie ? C’est (le résultat) de la
conception selon laquelle il n’y a pas de peuple syrien, d’armée syrienne, de
régime qui a un très fort soutien du peuple. Ils ne reconnaissent rien de cela,
et ils prétendent que ceux qui combattent en Syrie, c’est l’Iran, c’est le
Hezbollah. Extraordinaire ! Le Hezbollah combat de l’extrême Nord à l’extrême
Sud, de l’Est à l’Ouest ? Ou sont-ce les Iraniens ? Quelles sont ces absurdités
?! Ce ne sont que des mensonges flagrants et des fabrications.
Faisons
donc la synthèse de tous ces points et revenons au Yémen. Eh bien, je confirme
que nous, au Liban, nous le Hezbollah proclamons que depuis 1982, nous avons
des relations avec l’Iran, de l’amitié, de l’affection, et plus encore, je ne
le cache pas, je professe personnellement que Son Eminence l’Imam Ali Hussein
Khamenei est l’Imam des musulmans, et le chef des musulmans. Il est l’Imam des
musulmans, et le chef des musulmans. Mais malgré cela, je vous le dis en toute
sincérité, et si vous voulez que je le jure par Dieu, je le jure par Dieu : Iran
ne nous a jamais donné d’ordre. Il ne nous a jamais communiqué de décision à
appliquer. Il ne nous a jamais rien demandé, ni sur le plan interne, ni sur le
plan régional. Jamais, pas une seule fois ! Nous sommes une direction
indépendante, nous faisons nos propres analyses de la situation, nous prenons
nos propres décisions. C’est nous qui prenons parfois l’initiative de demander
leur avis, leur expertise. Mais pas une seule fois ils ne nous ont ordonné quoi
que ce soit – « Faites ceci, ne faites pas cela, acceptez ceci, refusez cela...
» Contrairement à la manière d’agir de l’Arabie Saoudite avec ses amis ou
partisans dans le monde. Je ne vais pas parler du Liban. Non, jamais de la vie.
Et j’aimerais
que nos frères au Hamas, au Jihad Islamique et au Front Populaire de Libération
de la Palestine, leur direction militaire et générale, et toutes les autres
factions palestiniennes qui ont depuis longtemps des relations avec la
République Islamique, qu’ils viennent déclarer : est-ce que l’Iran vous a déjà
demandé de prendre telle décision ? Vous
a-t-il imposé de prendre telle position ? « Faites ceci, ne faites pas cela,
combattez, cessez le combat, objectez, discutez... » Jamais de la vie. Il en va
de même en Syrie. Il en va de même en Irak.
Oui,
telle est la vérité, mais vous êtes incapables de la concevoir ou de la
reconnaître. Et c’est effectivement là une chose étrange. Car l’Iran n’est pas
l’Empire perse. Car l’Iran n’est pas le pays du Shah Muhammad Rida Bahlawi,
votre allié, votre ami et même votre maître par le passé. Car l’Iran est la
République Islamique ! Le pays de l’Islam, le pays de l’Imam Khomeini, le pays
du peuple musulman, courageux et résistant, et pour lequel l’Islam prime sur
toute considération raciale, nationaliste, sectaire, etc. Puisque l’Iran est comme ça, vous êtes
abasourdi, vous vous demandez comment l’Iran peut aider le Liban, la Palestine,
la Syrie, l’Irak et d’autres endroits encore, alors qu’il n’impose pas de
décisions, ne s’immisce pas dans les affaires internes, ne domine pas... Si vous
ne voulez pas le croire, ne le croyez pas, car vous êtes absolument incapables
de comprendre cet état d’esprit, cette morale, cette conception, cette voie.
Eh
bien, venons-en maintenant au Yémen. Nous revenons au Yémen pour conclure. Au
Yémen...
Je
me souviens d’une chose. Un jour, une délégation de la direction du Hamas se
trouvait à Riyad... Et c’est eux qui nous ont raconté cela, nous n’avons aucun
problème avec cette histoire. Lorsque Saud Al-Fayçal les a questionnés sur leur
relation avec l’Iran, ils ont répondu franchement que l’Iran leur fournissait
argent, armes et entraînement. Donnez-nous ce que nous donne l’Iran, et nous
couperons nos relations avec l’Iran. Et c’est eux qui me l’ont dit, je ne
révèle pas quelque chose de honteux. Vous voulez donc lutter contre l’influence
iranienne en Palestine ? Le Hamas vous a indiqué comment faire. Mais ils ne
leur ont fourni ni argent, ni armes, ni entraînement. Et ils n’auront jamais le
courage de le faire. Pourquoi ? Parce qu’on parle là (de lutter contre) Israël.
On parle là des Etats-Unis. Et c’est pourquoi j’ai dit à beaucoup de dirigeants
palestiniens, dans cette atmosphère de Printemps arabe : je leur ai dit « O mes
frères, mes chers et bien-aimés frères, cherchez à l’Est, à l’Ouest, parcourez
le monde entier, allez jusqu’à (la planète) Mars, parcourez les Sept Terres, vous
ne trouverez personne sur toute la face de la Terre qui vous fournisse armes, munitions,
expertise, technologie militaire, et qui se tienne à vos côtés – peut-être
trouverez-vous quelqu’un qui vous donnera de l’argent pour construire des
maisons, c’est possible – mais vous ne trouverez aucun pays pour vous fournir
des armes sur toute la face de la Terre si ce n’est l’Iran et la Syrie. » Et
ils sont maintenant tous arrivés à cette conclusion, ou sont sur le point d’y
arriver.
Eh
bien, au Yémen... Qu’avez-vous fait au Yémen ? Y a-t-il donc un crime perpétré
par un groupe fort et national au Yémen afin que vous veniez les punir ? Qu’avez-vous
donc fait ? Qu’a fait le Royaume d’Arabie Saoudite au Yémen ?
Il
domine le Yémen depuis des dizaines d’années, il s’immisce dans toutes les
questions yéménites : l’administration, la politique, la sécurité, l’économie,
l’armée, les tribus, et même dans les questions religieuses et sectaires. N’avez-vous
pas déployé des efforts et dépensé des fortunes en vue de convertir des tribus
d’une école à une autre ? Je n’évoquerai pas les noms. Eh bien, n’avez-vous pas
joué de toutes les tendances au Yémen afin de maintenir votre domination et
votre contrôle sur ce pays ? Qu’avez-vous donc réalisé au Yémen, après des
dizaines d’années de domination absolue sur ce pays ? Où est l’économie du
Yémen, où sont les infrastructures du Yémen, où sont la prospérité, la sécurité
et la stabilité au Yémen ? Comment vous êtes-vous comportés avec le Yémen ?
Vous avez refusé de l’admettre dans le Conseil de Coopération du Golfe. Vous l’avez
considéré comme un fardeau. Ne vous êtes-vous pas comportés, comme le déclarent
les Yéménites eux-mêmes, avec arrogance, condescendance et mépris vis-à-vis de
ce peuple ?
Et
en ce qui concerne Ansarallah, les Houthis comme vous les désignez, n’avez-vous
pas soutenu, vous le Royaume d’Arabie Saoudite, six guerres contre ce peuple
opprimé, affaibli, assiégé dans la province de Saada afin de les éliminer, de
les éradiquer ? Ne les avez-vous pas vous-mêmes attaqués, et n’avez-vous pas
été vaincus ? Et après qu’ils aient obtenu une voix forte et prééminente dans
le pays, ils sont venus à vous, ils ont mis tout le passé de côté et vous ont
invité à la compréhension mutuelle, au dialogue. N’est-ce pas là ce que vous
avez perpétré au Yémen ?
Qu’avez-vous
apporté au Yémen et au peuple yéménite ? Certes, vous avez dépensé des
milliards de dollars au Yémen, mais vous les avez dépensés pour acheter des
consciences, pour changer les confessions, soutenir les groupes takfiris et
acheter les loyautés. Voilà ce que vous avez réalisé au Yémen. A la fin, après
des décennies, ce peuple yéménite en est arrivé à un certain degré de
conscience, de volonté et de détermination. Car on ne peut plus considérer les
peuples de la région comme on le faisait auparavant. Et le peuple yéménite a
pris la décision de reprendre son pays, son Etat, ses frontières, sa
souveraineté, son existence, son intégrité et sa dignité.
Eh
bien, de l’autre côté, je vais maintenant évoquer les détails car une guerre à
grande échelle a actuellement lieu. Nos frères Houthis, ou Ansarallah,
appelez-les comme vous voudrez, n’avaient pas de relations avec l’Iran avant la
sixième guerre, c’est-à-dire il y a quelques années à peine. Ils avaient des
relations avec les pays Arabes, dont le Qatar, et cela m’a été déclaré par des
responsables Qataris. Même moi, je n’avais pas de contact avec les Houthis, ni
le Hezbollah, ni personne, jusqu’à la sixième guerre. Avant cela, nous ne les
connaissions que par les informations, et nous étions solidaires avec eux via
les médias. Nous les voyions opprimés, mais il n’y avait pas de contacts ni de
connaissance proche.
Eh
bien, ces opprimés, l’Iran a eu de la compassion pour eux, s’est tenu à leurs
côtés, a reconnu leurs droits, et c’est pourquoi ils aiment et respectent l’Iran,
oui. Mais l’Iran ne s’immisce pas au Yémen, ni dans les prises de décision du
Yémen. Aujourd’hui, aujourd’hui même, les Yéménites sont ceux qui prennent et
prendront les décisions quant à la manière dont ils vont agir dans cette
guerre. Et je vous dis même plus que cela, la République Islamique ne dicte
rien, elle ne s’immisce pas, et même si quelqu’un le lui demandait, elle ne
répondrait pas. Et l’Iran déclare au Liban, au Yémen, à l’Irak, à qui que ce
soit, à la Syrie : « c’est votre décision ». Il n’y a ni domination ni
ingérence.
Oui,
il y a du respect pour l’Iran au Yémen après toutes ces décennies de
catastrophes subies par le peuple yéménite à cause de votre attitude et de
votre politique. Oui, c’est vous qui poussez aujourd’hui tout le Yémen sous l’aile
de l’Iran, comme vous l’avez fait en Irak, comme vous l’avez fait en Syrie, comme
vous l’avez fait pour une grande partie des Palestiniens.
Récupérer
le Yémen ne peut se faire en lançant une guerre contre ce pays. Récupérer le
Yémen ne peut se faire qu’en prenant en considération le Yémen, en se
comportant fraternellement avec le Yémen, en dialoguant avec les Yéménites, en
se comportant humblement et raisonnablement avec eux, non pas avec la « Tempête
Décisive », mais par la douceur, la compassion, l’affection. Quant à la «
Tempête Décisive », je vais vous dire à quoi elle va mener.
[…]
Voir également :
Hassan Nasrallah : l'Etat Islamique est l'allié d'Israël et vise La Mecque et Médine (VOSTFR)
Hassan Nasrallah : « la répression au Bahreïn est comparable à la politique israélienne » (VOSTFR)
Hassan Nasrallah : Pourquoi l'Iran est-il la bête noire d'Israël ?
Hassan Nasrallah : Al Qaïda est une création des services de renseignement américains et saoudiens
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